Les chapelles

Les chapelles villageoises

Si l’église de St-Germain est un témoin de la foi et de la solidarité de la communauté saviésanne, elle doit son existence aux évêques qui ont envoyé des prêtres pour prendre soin des âmes des habitants du lieu. L’initiative pour l’édification de chapelles vient souvent des desservants de la paroisse. Cependant, l’approbation des villageois était nécessaire puisqu’il fallait, de leur part, un don de trois messes fondées pour entreprendre la construction d’une chapelle de village et poursuivre son entretien.

On peut aussi attribuer aux autorités ecclésiastiques le choix des saints patrons ou des scènes évangéliques qu abritent nos chapelles. Chaque autel renferme des reliques de martyrs, de saints, avec d’autres vestiges ramenés des Lieux Saints qui nous relient à Jésus-Christ par qui nous sommes sauvés et dont la messe actualise le Sacrifice.

Jadis, à chaque patronale, la messe était célébrée et tous les villageois y participaient.

Dèpuis la constitution d’un vicariat, au milieu du XIXe siècle, les messes y sont plus fréquentes, voire hebdomadaires.

La plupart des chapelles villageoises actuelles ont été érigées durant la période de la Contre­Réforme. Il est fort possible, qu’auparavant, seuls de petits oratoires témoignaient de la foi des habitants du village, mais c’est l’église paroissiale qui a rassemblé et fondé la communauté saviésanne. En ce XVIIe siècle qui vit de lourdes tensions religieuses, l’évêque Adrien IV de Riedmatten décida d’offrir aux paroisses une « mission » ; le curé de la paroisse Claude Apertet reçut les frères prêcheurs en 1651. Et c’est après ce renouveau religieux que l’on a construit ces lieux de culte dans tous les villages. Il est impossible d’affirmer que les modestes autels baroques datent de la période de construction de ces chapelles et que les nombreux saints et saintes, pas toujours identifiés, les aient toujours ornés selon la disposition actuelle.

Chapelle de Chandolin

La chapelle a été construite à l’extérieur du village, sur la route du Sanetsch. Cette situation particulière est-elle due au rôle de cette route et à son tracé dangereux qui amenait les voyageurs à demander la protection de la Vierge avant d’entrer dans la vallée et à lui rendre grâce à la sortie ? Le clocher est, par contre, élevé dans le village, servant, comme ailleurs, à appeler les fidèles pour la messe ou pour d’autres messages (notons qu’il domine l’école du village après l’élargissement de la route du Sanetsch au début du XXe siècle).

Une pierre gravée au nom de l’évêque Adrien IV de Riedmatten en 1666 promet des indulgences à ceux qui disent un Ave Maria devant une image que nous pouvons supposer être une Vierge à l’Enfant. Cette chapelle est donc dédiée à Marie et la patronale y était célébrée le 8 septembre, jour de la Nativité de la Vierge. Cependant fidèles et pèlerins s’y rendaient aussi pour demander un miracle à Notre-Dame des Corbelins. Le curé Jean rappelle, en août 1934 :

« Non seulement on y venait en pèlerinage de tout le Valais central, on y passait la veille de la Nativité en prières, mais on y apportait les enfants mort-nés, afin de pouvoir les baptiser. Un prêtre disait la messe, un autre, le parrain et la marraine surveillaient l’enfant ; il n’était pas rare que ce dernier donnât des signes de vie : on en profitait pour le baptiser. Ce n’est pas là de la légende. bien des vieillards de Savièse et d’ailleurs s’en souviennent ;… » Le grand vitrail de Messmer (1989) raconte cet événement.

D’autre part, ce sanctuaire est une des étapes du pèlerinage des trois Marie qui amenait les pèlerins de Longeborgne à Plan-Conthey.

L’autel photographié par le père Basile Luyet au début du siècle a disparu ; il était remarquable par la Vierge à l’Enfant et la beauté des anges qui l’entouraient. L’autel baroque actuel représente la Sainte Famille. Dans les niches latérales, on peut reconnaître, selon le curé Jean, « saint Germain évêque et saint Bernard de Menthon ». Ce dernier autel a transité par d’autres lieux de culte : il semble venir de l’église paroissiale puisqu’il porte l’armoirie de la commune ; de plus, l’autel de saint Joseph est surmonté d’une nouvelle Sainte Famille ; il fut ensuite posé à la chapelle de Sainte-Marguerite, puis il fut attribué à la chapelle de Sainte-Thérèse lors de sa construction en 1941 ; finalement, il a rejoint Chandolin.

Le tabernacle, daté de 1625, est assurément l’ancien tabernacle paroissial, les peintures de saint Germain et sainte Catherine, et des armoiries communales l’attestent.

Un vitrail d’Albert Chavaz représentant une Nativité garde la nouvelle entrée du sanctuaire agrandi en 1988. La grille de l’ancien protège maintenant le chœur et les vases sacrés. Témoignant d’une foi simple et persistante, des bougies d’intercessions y sont allumées en permanence ; on ne peut que regretter la disparition des ex-voto qui, encore au début XXe siècle traduisaient la reconnaissance des du fidèles pour les grâces reçues.

Chapelle de Granois

Jusqu’en 1975, la chapelle de Granois s’élevait à côté de l’école. Elle datait de 1669 et fut placée sous le patronage de la Sainte Trinité, fête mobile fixée au premier dimanche après la Pentecôte. C’est le même évêque Adrien IV de Riedmatten et le curé Barthélemy Luyet qui procédèrent à l’acte de fondation avec promesse de la part des villageois par les procureurs de « conserver debout et d’entretenir la chapelle nouvellement construite, de fournir et conserver décemment les ornements, calice, patène, linge et tout ce qui est requis pour y célébrer le Saint Sacrifice ». Elle fut démolie. La nouvelle chapelle fut construite en 1973 sous l’épiscopat de Nestor Adam et à la demande du curé Charles Mayor.

La messe n’est plus célébrée devant le maître­autel de la Sainte Trinité où on découvre une peinture rappelant que le Père, le Fils et le Saint-Esprit (Marc 1,9-11) ont couronné la Vierge Marie, événement qui se situe immédiatement après l’Assomption dans la foi médiévale. C’est devant ce tableau que reposent les défunts du village avant les funérailles à l’église ; ce retour au religieux des veillées funèbres, dans le dernier quart du XXe siècle, offre aussi le réconfort du lieu saint. Saint Joseph portant enfant divin, ainsi que d’autres saints sont honorés ici L’autel est éclairé par une petite coupole qui s’ouvre sur le ciel et une croix élancée en indique la direction.

L ancien Chemin de croix témoigne du parcours du Vendredi Saint à travers des images colorées reproduisant l’œuvre du peintre Nap Thom. On les retrouve dans bien d’autres sanctuaires.

Le Christ sculpté dans une seule pièce de bois et suspendu sur le mur sud est l’œuvre d’un villageois (1972) et témoigne d’une perception personnelle du Sauveur. « Aucune image, statue ou autres signes de foi ne peuvent être posés dans nos chapelles sans l’autorisation du desservant », rappelle le curé Jean, Sont exposés ici, le tableau du reposoir de la Fête­Dieu, peint en 1989, et le chapeau du chef de cette fête. Dans ce même village, le home pour personnes âgées de Zambotte abrite un autre lieu de culte depuis 1988. Le Chemin de croix, peint par Isabelle Tabin-Darbellay, rappelle intensément ces Paroles du Christ : « Je suis le Chemin, et la Vérité, et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14,6).

Chapelle de Drône

L’acte de fondation et de consécration de la chapelle actuelle du village stipule la date de 1684 pour la construction et 1685 pour la consécration par l’évêque Adrien V de Riedmatten assisté du curé Jean de Combis. Il est fort possible qu’un oratoire existait déjà en 1634. Au début du XXe siècle, une plaque apposée à l’entrée mentionnait que l’évêque Adrien V de Riedmatten « accorda une indulgence de 50 jours à tous ceux qui y prient cinq pater et cinq ave en l’honneur de saint Christophe ». Ce saint figure au centre de l’autel et porte un enfant à qui il fait traverser une rivière. Sa vie est relatée dans la présentation du vitrail de Drône. La fête patronale étant fixée au 25 juillet, il fut rejoint plus tard, dans le calendrier et sur ces lieux, par saint Jacques.

La statue de ce dernier garde le seuil de la chapelle. Il s’agit de saint Jacques le Majeur, le fils de Zébédée et de Salomé, frère de Jean, surnommé par Jésus « Fils du tonnerre ». Le récit des Actes des Apôtres (12,1-2) atteste de la mort de ce dernier par l’épée en 44 ; ses reliques auraient été déposées à Compostelle, aboutissement d’un pèlerinage qui a débuté au Xe siècle. Le village de Drône semble avoir une petite préférence pour ce saint à qui on offrait, le 25 juillet, une grappe de raisin blanc et une de raisin rouge ainsi qu’une gerbe de blé, car on le considérait comme le protecteur de la vigne et des moissons.

D’autres saints et saintes entourent les saints patrons et seront peut-être un jour tous identifiés. Nous signalons Charlemagne portant une armure et un globe : la dévotion à ce puissant empereur du IXe siècle s’est intensifiée dès le XIIe, même s’il n’est que bienheureux.

Les Drônois ont rénové leur chapelle en 1900, l’ont agrandie en 1962, puis embellie en 1987 ; ils ont demandé et obtenu alors de la classer comme monument historique. Le village a donc tenu la promesse faite quelques trois cents ans plus tôt à l’Evêque au sujet de son maintien.

Sont exposés ici le tableau du reposoir de la Fête-Dieu peint en 1987, les chapeaux des chefs de la Fête-Dieu, ainsi que la bannière du village datée de 1827.

Dans ce village, les procureurs distribuent encore le pain et le vin, le Vendredi saint.

Chapelle d’Ormône

Même si l’acte de fondation n’est pas parvenu à notre connaissance, nous pouvons supposer qu’il est semblable aux autres.

Cette chapelle a été l’objet d’agrandissements successifs. Elle a été érigée sous l’épiscopat d’Adrien IV de Riedmatten et en présence du curé François Udry, si on se fie à la date inscrite au plafond. En effet, dans le chœur, une fresque de 1662 représentant saint Jean l’Evangéliste atteste probablement la période de construction ; on peut se demander si celui-ci était accompagné des trois autres évangélistes. La rénovation de 1974 a aussi permis de rafraîchir le portrait d’un évêque que l’on voit à gauche de autel.

Ce sanctuaire est dédié aux Rois Mages. L’autel baroque illustre cet épisode de la Nativité. L’Evangile de Matthieu (2,1-12) raconte comment ces savants astronomes sont avertis par une étoile de la naissance d’un roi en Judée. Le vitrail du chœur, si petit soit-il, nous fait percevoir l’importance de ce signe céleste.

La communauté Roumaz-Ormône fête sa patronale le 6 janvier. Jusqu au début du XXe siècle, un jeu médiéval se jouait en ce jour. Il fut interdit à plusieurs reprises au cours du XIXe, puis définitivement, parce qu’il donnait lieu à quelques épisodes fâcheux, notamment lors de la poursuite de la Sainte Famille par Hérode. Un ex-voto restauré ou récent, représentant l’adoration des Mages, est accroché à droite dans le chœur ; il reçoit la lumière d’un vitrail signé Isabelle Tabin­Darbellay (2001).

Si, à Chandolin et à Drône, les Chemins de croix sont relativement récents, celui d’Ormône rappelle, comme à Granois, les images du début du siècle dernier. Au fond de la chapelle, sur une pierre gravée, on peut lire une demande de prière pour l’âme d’un homme mort près de l’oratoire en 1939.

Rappelons qu’ici, la tradition de la distribution du pain et du vin se fait encore le jour de Pâques par les procureurs de la Société des Hommes, comme elle se faisait jadis, devant la chapelle de chaque village.

Chapelle de Vuisse

Dans ce hameau situé sur les bords de la Morge, dès les années 1940, les paroissiens du lieu ont souhaité aussi avoir une chapelle. Cette réalisation prit forme en 1969 par le don de la laiterie du hameau, désaffectée à ce moment-là. Le curé Charles Mayor y célébra la première messe dans la nuit de Noël 1973. Ce premier édifice fut rénové en 1996-1997.

Le sanctuaire est dédié à saint Nicolas de Flue, fêté le 25 septembre. L’ermite du Ranft, entre 1467 et 1487 devint le Saint Patron de la Suisse et fut canonisé en 1947. Celui qu’on appelait Frère Nicolas était sollicité, entre autres, par les autorités politiques, pour ses conseils éclairés. Il réussit, en 1481 à empêcher une guerre civile. Il est souvent représenté en vêtement franciscain comme le témoigne la statue, dans cette chapelle.

Dans les niches-fenêtres, on peut reconnaître deux anges de style baroque qui occupaient l’ancien maître-autel de Chandolin. Le Chemin de croix, peint sur des triptyques, est l’œuvre d’un paroissien de Vuisse.

Les chapelles des Hauts

Chapelle de Sainte-Marguerite à la Bârma dē Dzōo

On peut imaginer que les Saviésans ont bâti un oratoire à la sortie du Torrent-Neuf (1430-1447), dès la construction de ce bisse. Ce premier édifice a certainement été agrandi et restauré plusieurs fois, la dernière restauration datant de 1963.

A cette occasion, l’instituteur Fernand Luyet l’a dotée de trois peintures murales. Celle du chœur traduit la légende liée à la Sainte Patronne du lieu qui fut invoquée par le syndic de Savièse dont l’épouse se nommait justement Marguerite, pour sauver le projet de l’aqueduc des griffes du diable. Sainte Marguerite est fêtée le 20 juillet. Née à Antioche entre la fin du IIIe et le début du IVe siècle, elle refusa d’épouser un gouverneur romain et fut jetée en prison. Là, elle fut agressée par le diable qui lui apparut sous forme d’un dragon Mais, grâce à sa foi chrétienne, elle sortit victorieuse de ce combat. Elle fut décapitée et devint une sainte très populaire. Le choix de cette vierge et martyre pour protéger les hommes et les femmes qui ont construit et entretenu ce bisse jusqu’en 1935 peut se comprendre ainsi : le gouffre et les précipices qui sont à vaincre sont assimilés aux forces du malin qui entraîne les hommes dans sa chute. Les deux autres peintures retracent, pour le pèlerin actuel, des scènes renouvelées d’année en année : à gauche, la cérémonie religieuse où les responsables du Torrent-Neuf et les fidèles imploraient la protection divine ; à droite, la levée d’eau qui avait lieu dans la deuxième quinzaine d’avril.

Depuis l’abandon du bisse, la chapelle a perdu son rôle dans la vie de la communauté saviésanne, c’est du moins comme cela qu’on a expliqué son dépouillement : reliques et autel ont rejoint, dès 1941, la nouvelle chapelle de la Zour. La statue représentant la sainte dominant un dragon à la gueule ouverte a aussi été déplacée.

Malgré ces bouleversements, la dernière restauration ainsi que le Chemin de croix de 1978 qui conduit à la chapelle ont sauvegardé sa vocation de lieu de prière et de méditation.

Chapelle de Sainte-Thérèse aux Mayens-de-la-Zour

L’acte de fondation de cette chapelle date de 1938. Elle fut construite à la demande du curé Jean, soucieux de permettre aux fidèles estivant aux Mayens-de-la-Zour de pouvoir vivre la messe dominicale. Avec l’approbation de Mgr Victor Biéler qui a autorisé les transferts de l’autel et des fonds de la chapelle de Sainte-Marguerite, elle a été consacrée solennellement le 10 août 1941. Elle sera prolongée d’un vaste couvert et dotée de bancs une cinquantaine d’années plus tard.

Elle fut dédiée à sainte Thérèse de l’Enfant­Jésus (1873-1897). Cette religieuse française, entrée au Carmel de Lisieux en 1888, se distingua par son humilité, sa simplicité et sa manière de vivre la souffrance. Elle fut canonisée en 1925 et on la fête le 1er octobre. Son culte se répandit rapidement. Dans le vitrail du chœur, le peintre Ernest Biéler l’a représentée tenant un bouquet de roses.

Actuellement, l’autel intérieur est des plus humbles. Le nouvel autel, placé sur .le parvis de ancienne chapelle, est dominé par une statue de saint Jean-Baptiste. A Savièse, on fêtait joyeusement ce saint le 24 juin on allumait un grand feu autour duquel on chantait les cantiques et on récitait le chapelet.

Chapelle de la Grand-Zour

Cette chapelle répond aux mêmes besoins que la précédente. La durée des séjours dans les mayens de la vallée de la Morge devint de plus en plus longue et les fidèles de plus en plus nombreux en été. Le curé Charles Mayor fit des démarches auprès de Mgr Adam pour obtenir le droit de construire une chapelle à la Grand­Zour. Comme le lieu de l’édification était en terre contheysanne, il fallut modifier les limites des deux paroisses Erde/Conthey-Savièse. En 1962, la chapelle et ses abords, dans un rayon de cinquante mètres, passa en terre saviésanne. Endommagée par des intempéries, elle fut reconstruite, puis transformée en 1993.

Ce sanctuaire fut mis sous la protection de saint Pierre que l’on fête le 29 juin (comme saint Paul). L’apôtre Pierre fut le premier évêque de Rome. Menacé, il chercha à s’enfuir de la ville, mais, sur la voie Apienne, le Christ lui apparut. Pierre lui posa la question : « Où vas-tu, Seigneur ? » Le Christ lui répondit : « A Rome, pour me faire crucifier une seconde fois. » Pierre retourna dans la ville et y fut crucifié en 67. Le fait que cet apôtre ait montré plusieurs fois sa faiblesse, mais aussi son repentir et la force de sa foi, fit de lui un saint très populaire que les Saviésans ont aussi fêté en faisant des feux dans les mayens.

Dans le chœur, sa statue est accompagnée d’une Pietà et d’un saint Antoine aux cochons. Ces dernières statues proviendraient de l’oratoire du Pont-du-Diable dédié à saint Antoine et à Notre-Dame de la Compassion. Récemment, cette chapelle fut aussi placée sous la protection de la Vierge, comme l’atteste la peinture à gauche de l’autel.